L'HISTOIRE DE SAINT-LUCIEN

Dans cette page, on retrace brièvement l’histoire de la municipalité et on présente quelques données statistiques tirées de l’inventaire architectural réalisé en 2009. On peut également y indiquer les différentes actions de la municipalité en matière de patrimoine.

Érection canonique :

5 décembre 1903

Érection civile :

11 novembre 1907

Population :

1873 personnes (2023)

Origine du nom :

Le patron de la paroisse est choisi en l’honneur de l’abbé Hercule Lucien Léveillée, curé de la cathédrale de Nicolet.

Une des familles pionnières de Saint-Lucien est celle de Jules Lampron. Ce défricheur a bâti sa maison sur le lot 24 du rang Saint-Léopold (l’actuelle route des Rivières). Plusieurs de ses enfants se sont installés dans le même rang et c’est pourquoi on a communément appelé cette route le rang des Lampron. Vers 1946, l’école du rang compte 21 élèves du nom de Lampron en plus de l’institutrice Hélène Lampron. Enfin, Jules Lampron a figuré parmi les premiers conseillers de la municipalité. D’autre part, la famille Comeau fait également partie des familles souches. En effet, Honoré Comeau s’est marié en 1896 et il est venu s’installer à Saint-Lucien par la suite. Il a résidé dans le rang 9 qu’on a souvent appelé le « 9 des Comeau »1. D’autres familles souches comme les Houde et les Provencher ont laissé bien des descendants qui habitent encore la municipalité de Saint-Lucien.

Les résidants du territoire de Saint-Lucien ont demandé l’érection canonique de leur paroisse à cause de la distance et des chemins difficiles à parcourir pour accomplir leurs devoirs religieux. Il est aussi complexe d’envoyer les enfants dans des écoles catholiques. Certains résidants s’opposent à cette requête puisqu’ils prétendent n’en retirer aucun avantage spirituel. La pauvreté des colons et les coûts reliés à la création d’une nouvelle paroisse figurent parmi les arguments des personnes en défaveur de l’érection canonique de Saint-Lucien. En dépit de ces quelques objections, l’évêque a acquiescé à la demande et l’église de bois est construite en 1905 tout comme le presbytère dans les années 1905-19072. L’histoire de la municipalité est difficile à reconstituer puisque le presbytère et les registres ont été la proie des flammes le 6 mai 19733. Un nouveau presbytère est construit avant d’être vendu le 10 avril 20034. L’église est acquise par la municipalité à la fin de 2018 et on la transforma en école primaire en 2021, l’école déjà en place étant devenue désuète. 

Sur le territoire de la municipalité de Saint-Lucien, on retrouve l’ancien cimetière privé de la famille Moore situé près de la rivière Saint-François. Ce cimetière contenant dix épitaphes rappelle l’influence qu’a eue la deuxième famille pionnière du canton de Kingsey dans la région5.

Avant la fondation de la municipalité, il existe une école située dans le 6e rang de Kingsey. Par la suite, plusieurs écoles se sont ajoutées puisqu’on en dénombre un total de quatre sur les cartes topographiques de 19196. Une nouvelle école (numéro 3) est bâtie au village en 1949 par H. Lévesque au coût de 12 500$. Les Oblates de Marie Immaculée ont pris la direction de l’école du village en 1953. Cette école est vendue à la municipalité dans les années 1970 et elle est convertie en centre communautaire. La centralisation scolaire s’est réalisée avec la construction de l’école numéro 2 du village. Cette école est bâtie le 3 août 1958 pour la somme de 49 000$ par l’entrepreneur Urbain Houle. Au moment de la centralisation scolaire, les écoles numéros 2 et 3 sont en fonction au village. Une classe est aussi aménagée temporairement au-dessus du magasin général d’Olivier Talbot le 4 septembre 1958 au 5255, 7e rang7.

En septembre 1994, l’école du village est fermée par la commission scolaire Des Chênes qui souhaite améliorer l’offre des services éducatifs par la centralisation des élèves. Plusieurs parents et citoyens se sont grandement impliqués afin de conserver l’école durant cette période. Ces bénévoles ont constaté le fruit de leurs efforts l’année suivante puisque l’école est à nouveau en fonction sous forme d’école du ministre et 78 élèves y sont inscrits. Ce système scolaire repose sur une entente entre la corporation scolaire et le ministère de l’Éducation. Le bâtiment de l’école est acheté par la municipalité de Saint-Lucien pour la somme de 1,00$ le 24 juin 1995. L’école de Saint-Lucien, maintenant connue sous le nom d’École des Deux Rivières, a réintégré la commission scolaire Des Chênes en 1996. Cependant, le bâtiment et les employés de soutien sont demeurés sous la gérance de la municipalité à l’exception de la concierge qui a conclu une entente avec la commission scolaire8. L’école se retouve maintenant dans l’ancienne église.

La traversée de la rivière Saint-François s’effectue à l’aide d’un bac. Les premiers propriétaires de la traverse sont les membres de la famille McLean. En décembre 1888, Calixte Jutras en fait l’acquisition9.

Une autre traverse par bac est organisée sur la rivière Nicolet et elle est approuvée par le conseil municipal en 1912. Toutefois, le propriétaire du bac ne demeure pas sur les lieux et les passagers doivent parfois attendre longtemps avant de pouvoir traverser. Un mystère plane sur la construction du pont Gagnon qui relie maintenant les deux rives de la rivière Nicolet. Les monographies des municipalités concernées affichent la même version des faits ; la monographie de Saint-Lucien se référant constamment à celle de Sainte-Séraphine à ce sujet. Selon ces documents, la construction du pont Gagnon est recommandée pour l’été 1912. Les travaux de construction sont prévus entre le 23 janvier 1912 et le 1er novembre 1913. Les résolutions du conseil municipal de Saint-Lucien ont autorisé l’emprunt de certaines sommes pour la construction du pont au cours des années 1913-1914. À la lumière de ces documents, tout laisse croire que le pont est construit entre les années 1912 et 1914. Lévis Leblond du ministère des Transports mentionne que la structure aurait été érigée entre janvier 1912 et l’année 1913. La saison hivernale et la rivière gelée facilitent la construction du pont10. Toutefois, des photos viennent amplifier les zones grises entourant la construction de ce pont. En fait, des photos prises à différentes étapes de la construction du pont exposent une rive avec peu d’arbres en raison d’un feu qui aurait tout détruit sur son passage. Cependant, les photos ultérieures de la construction présentent une rive avec plusieurs arbres d’au moins une dizaine d’années. Il semblerait donc que la construction du pont aurait perduré sur une période de plusieurs années laissant ainsi le temps à la forêt de renaître de ses cendres. Malheureusement, ces photos ne sont pas datées et il est difficile d’établir exactement de quelle période il s’agit. Serait-ce possible que ces photos représentent un pont qui aurait été construit avant la construction du pont Gagnon? Les diverses sources ne permettent pas d’apporter davantage de précisions pour le moment. Le pont de fer est démoli et un nouveau pont de béton est en fonction en 2015.

Les trois quarts du territoire de Saint-Lucien sont exploités par des compagnies forestières à la fin du 19e siècle. Quelques moulins à scie sont venus supporter l’industrie forestière comme celui des Gagnon situé dans les environs des 8e et 9e rangs du canton de Kingsey. Cette entreprise est toutefois détruite par un incendie en 1910. Un autre moulin à scie est construit dans le 8e rang (route Talbot) et son propriétaire est Frédéric Talbot dans les années 1920. Enfin, un dernier moulin se trouve dans le 7e rang, à proximité de la route des Rivières et il est en fonction seulement lors de la saison hivernale. Ce moulin est bâti par Camille Talbot et plusieurs propriétaires lui ont succédé. Bon nombre de colons coupent aussi le bois avant de le vendre. En fait, Jules Lampron a construit une traverse privée permettant de franchir la rivière Nicolet afin d’apporter son bois à la voie ferrée de Kingsey Station. Le transport du bois s’effectue en hiver à l’aide de chevaux. Il est encore possible de voir les anciennes traces de ce chemin sur des terres privées du 8e rang de Sainte-Séraphine. À l’origine, l’économie de la municipalité repose principalement sur l’exploitation forestière et sur l’agriculture. Il y a également eu quelques boutiques de forge dans la municipalité dont celle de John Geoffroy qui est située un peu à l’extérieur du village, près de la route du Pont11.

De nos jours, la municipalité de Saint-Lucien est devenue une « ville-dortoir » qui ne possède pas de grosses industries employant plusieurs résidants. Il y a peu d’agriculteurs et une partie du territoire, appelée le « Blueberry bog », est marécageux et peu propice à l’agriculture12. Toutefois, les lots du « Blueberry bog » s’avèrent riches et prometteurs pour la culture de petits fruits. Actuellement, ce sont des entreprises productrices de canneberges qui sont installées à cet endroit.

En 1906, le village possède son propre bureau de poste et Antoine Beauregard est désigné comme le premier maître de poste. Ensuite, le bureau de poste a élu domicile au magasin général de Frédéric Talbot à côté de l’église (ancien dépanneur au 5180, 7e rang) avant d’emménager dans l’autre magasin général situé en face de l’église au 5255, 7e rang. En 2009, le bâtiment sert toujours de bureau de poste en plus d’être une résidence privée. On a aussi trouvé une fromagerie et une beurrerie dans le 6e rang à proximité de la première école du village. Dans les années 1950, il y a également un magasin de tissus13.

Grâce à un généreux don d’une citoyenne de Saint-Lucien, un nouvel édifice à vocation communautaire voit le jour en 2020, la Maison Francine Leroux. Il abrite le Cercle de fermières de Saint-Lucien et des espaces sont disponibles pour la communauté.

La municipalité a acheté l’église et elle a été utilisée comme école durant les travaux de construction d’une nouvelle école. En 2023, des travaux sont effectués afin de la transformer en bureau municipal.

Parmi les artistes renommés de Saint-Lucien on retrouve le peintre naturaliste Luc Leclerc qui possède un atelier dans le domaine de la Seigneurie. L’artiste participe régulièrement à des expositions individuelles ou collectives au Québec et son talent est reconnu en dehors des limites géographiques de la province. Il est possible de retrouver des œuvres de Luc Leclerc dans plusieurs pays d’Amérique, d’Europe, d’Asie et en Nouvelle-Zélande14.

Pour en savoir davantage sur la municipalité, il suffit de visiter le www.saint-lucien.ca.

PATRIMOINE

Voici quelques statistiques tirées de l’inventaire architectural de la MRC.

Type et nombre de biens répertoriés

Répartition selon le type de bien répertorié à Saint-Lucien

Bâtiment principal

Bâtiment secondaire

Cimetière

Croix de chemin

Paysage et point de vue

Pont

 

 

 

 

 

 

 

Une cote15 est attribuée à chaque bâtiment principal et elle tient compte de l’intérêt architectural, patrimonial, culturel et historique du bâtiment.

Répartition selon la cote attribuée aux bâtiments principaux

 

Saint-Lucien

MRC

Cote

Nombre

%

%

CC

19

54 %

44 %

C

4

11 %

19 %

CR

3

9 %

10 %

BN

1

3 %

8 %

 

L’année de construction est une information souvent difficile à obtenir parce que peu documentée au fils du temps. Nous avons donc indiqué, le cas échéant, une date approximative selon l’état actuel du bâtiment.

Répartition selon la date de construction

 

Saint-Lucien

MRC

Période

Nombre

%

%

1851-1900

10

39 %

57,7 %

1901-1950

15

58 %

35,5 %

1800-1850

0

0 %

5, 3%

1951 et +

1

3 %

1,5 %

 

En ce qui concerne la description stylistique, 23 styles différents ont été pré-identifiés. Ce sont des styles reliés essentiellement à l’architecture traditionnelle que l’on retrouve principalement en milieu rural. Lorsqu’un bâtiment mélange plusieurs styles et qu’il est difficile de l’associer à un style particulier, nous avons utilisé la catégorie « Autre ».

Répartition selon le style architectural

 

Saint-Lucien

MRC

Style

Nombre

%

%

Autre

8

23 %

13 %

Maison de colonisation

7

20 %

18 %

Vernaculaire américain

5

14 %

18 %

Maison à mansarde

2

6 %

4 %

Arts et métiers

1

3 %

1 %

Maison à lucarne-pignon

1

3 %

13 %

Québécois (Régency)

1

3 %

3 %

Vernaculaire boîte carrée

1

3 %

4 %

Vernaculaire commercial

1

3 %

1 %

Il est possible de consulter la section Inventaire architectural de la MRC pour accéder au module de recherche qui permet d’en savoir davantage sur certains biens patrimoniaux répertoriés dans cette municipalité.

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1 Comité du livre, L’ancêtre des familles Lampron,2003, s. l., s. é., p. 5-6 et entrevue avec Nicole Comeau, 2 avril 2009.

2 Archives de l’Évêché de Nicolet, Cartable de Saint-Lucien, document numéro 1-2 et Archives de l’Évêché de Nicolet, Rapport financier de Saint-Lucien.

3 Archives de l’Évêché de Nicolet, Cartable de Saint-Lucien, document numéro 44 et Inventaire des lieux de culte du Québec, « église Saint-Lucien », [En ligne] https://www.lieuxdeculte.qc.ca/fiche.php?LIEU_CULTE_ID=1236, Fondation du patrimoine religieux du Québec, Fiche no 2003-17-023, mise à jour en 2006, page consultée le 14 juin 2009.

4 Yvon Audet, « La vie religieuse » dans Un siècle d’histoire. Paroisse Saint-Lucien 1903-2003, s. l., s. é., 2004, p. 51.

5 J. Clifford Moore, « The Moore cemetery », The Townships Sun, mars 1997.

6 Carte topographique de 1919, 31-H-16, Department of Militia and Defence et Refonte cadastrale de 1895, Bureau de la Publicité et des Droits.

7 Doris Lefebvre, « La vie scolaire d’hier à aujourd’hui » dans Un siècle d’histoire…, p.104 et Y. Audet, « La vie religieuse » dans Un siècle d’histoire…, p. 42.

8 D. Lefebvre, « La vie scolaire…» dans Un siècle d’histoire…, p. 146, 150 et 160 et entrevue téléphonique avec la conseillère municipale Sylvie Lampron le 17 avril 2009.

9 Yolande Allard, McLean, Jutras, Forest, 31 juillet 2005.

10 Courriel de Lévis Leblond sur la structure PO-00570, ministère des Transports, 28 avril 2009, Émile Vincent, Histoire de la paroisse de Sainte-Séraphine, Sainte-Séraphine, La Corporation municipale de Sainte-Séraphine, 1981, p. 67 et G. B. Lampron, « Municipalité de la paroisse de Saint-Lucien » dans Un siècle d’histoire…, p. 225-227.

11 Carte topographique de 1919, 31-H-16, Department of Militia and Defence, D. Lefebvre, « Services et commerces » dans Un siècle d’histoire…, p. 313-314, entrevue avec Pierre Lampron, 6 avril 2009 et Refonte cadastrale de 1895, Bureau de la Publicité et des Droits.

12 Carte topographique de 1919, 31-h-16, Department of Militia and Defence.

13 D. Lefebvre, « Services et commerces » dans Un siècle d’histoire…, p. 305 et p. 316.

14 Luc Leclerc, « Curriculum vitae », [En ligne] https://www.st-nicephore.ca/lucleclerc/cvfr.html, page consultée le 6 avril 2009.

15 Signification des cotes :

A : Intérêt patrimonial exceptionnel reconnu

AA : Intérêt patrimonial exceptionnel

B : État très proche de l’original, intérêt historique et/ou culturel

BB : État très proche de l’original, sans intérêt historique et/ou culturel

BN : État très proche de l’original, sans intérêt architectural

C : Ayant subi des altérations mineures, mais modèle original identifiable

CC : Ayant subi des altérations majeures, mais modèle original identifiable

CR : Ayant subi des altérations majeures, sans respecter le caractère original

D : En rupture (ne respecte pas l’environnement architectural) à conserver

E : En rupture (ne respecte pas l’environnement architectural) à recycler