L'HISTOIRE DE SAINT-PIE-DE-GUIRE

Dans cette page, on retrace brièvement l’histoire de la municipalité et on présente quelques données statistiques tirées de l’inventaire architectural réalisé en 2009. On peut également y indiquer les différentes actions de la municipalité en matière de patrimoine.

Érection canonique :

22 janvier 1866

Érection civile :

14 juin 1866

Population :

463 personnes (2023)

Origine du nom :

La paroisse est mise sous le patronage de saint Pie V en l’honneur du pontife de l’époque Pie IX. Le nom de la municipalité provient également du fait que le territoire est partiellement situé sur la seigneurie De Guire. Les colons de la région ont proposé le nom de Sainte-Joséphine-de-Guire1.

Dès 1814, des colons canadiens-français ont reçu des terres concédées par le seigneur Joseph Deguire mais peu d’entre eux ont défriché leur lot. Les pionniers ont obtenu leur première église en 1874 sur un terrain offert par Jonathan Saxton Wurtele, « écuyer, avocat et seigneur de Guire ou de Rivière David ». Le presbytère est construit en 1896 au coût de 3500$. Le bâtiment est vendu en 1970 et il est déménagé dans un champ sur le rang Letendre. Quant à l’église, son piètre état a exigé une reconstruction dès 1910. L’église actuelle est bâtie par corvées en 1970 et comprend l’église, le presbytère, l’école primaire, une salle paroissiale et la bibliothèque municipale2.

En 1865, M. Wurtele envoie un plan pour la construction d’une église sur le lot 35 à Mgr Cooke. Toutefois, la construction de l’église, du presbytère et du cimetière se concrétise seulement avec l’autorisation de Mgr Laflèche en 18743.

Une école est déjà établie en 1895 sur le rang Sainte-Charlotte. Aucune autre école n’est répertoriée sur la carte topographique de 1932. Cette école est très éloignée du village. Il y a également eu une école sur le rang 6 et une sur le rang 104.

L’économie de Saint-Pie-de-Guire s’est beaucoup développée à travers les forges situées près de la rivière aux Vaches. L’implantation des forges est l’œuvre de Félix-Adolphe Toupin, un marchand de bois de Saint-François-du-Lac, qui a observé le potentiel de l’endroit riche en minerai ferrugineux5. En 1867, F.-A. Toupin s’est affilié à des marchands de Montréal pour former « La Compagnie des Mines de la Rivière Saint-François ». Cette association est indispensable afin d’obtenir le capital nécessaire à l’érection des forges de Saint-Pie-de-Guire. Le fourneau bâti à Saint-Pie est une réplique de celui des forges de Saint-Maurice6.

À l’été 1873, les forges sont arrêtées sans que des raisons précises soient exposées. Selon un journal de Trois-Rivières, il semblerait que la rentabilité des forges est remise en question et que les minerais nécessaires à la production du fer se font rares dans les environs. En 1874, les forges sont vendues à John McDougall qui détient les trois quarts de la production de fer au Canada. McDougall a également pris possession de plusieurs lots de terres aux environs des forges7.

Le transport du fer s’effectue par bateaux jusqu’à Montréal sauf durant la saison hivernale où le fer est laissé au quai de Yamaska en attendant la fonte des glaces. Le train n’a jamais circulé à Saint-Pie-de-Guire même si les plans d’origine en prévoient la possibilité. En fait, Edward J. Hemming, le député de Drummond-Arthabaska, projette l’idée d’une ligne de chemin de fer partant du Grand Tronc au village d’Upton et qui passerait par Drummondville pour aller rejoindre le tronçon d’Arthabaska. Cette ligne aurait permis de construire plusieurs embranchements qui se seraient rendus près des voies navigables, dont la rivière aux Vaches de Saint-Pie-de-Guire. Ce projet est substitué par une voie ferrée favorisant les intérêts de Louis-Adélard Senécal, chargé de la construction de cette ligne. Le nouveau projet part de Drummondville et passe par Saint-Germain-de-Grantham, Boulogne, Saint-Guillaume, Saint-David, Yamaska et Saint-Robert. La ligne rejoint le port de Sorel et assure que les moulins à scie de Senécal soient desservis par la voie ferrée8. Ce projet s’est concrétisé avant que John McDougall soit propriétaire des forges9. Robert McDougall a demandé en 1879 à la Cie du Sud-Est que la petite ligne de Saint-Guillaume se rende jusqu’à la rivière Saint-François en passant par les forges. Une prolongation de la voie de service de la gare de Saint-David est réalisée en vue de satisfaire partiellement à la demande de McDougall10 mais le chemin de fer rêvé n’est jamais devenu réalité.

Le minerai utilisé dans la fabrication du fer est la limonite (bog ore). Il est possible de repérer cette ressource via les ruisseaux aux endroits où l’eau semble rouillée. Le fer produit sert souvent à faire des « moulages malléables principalement pour des roues de wagon et de chemin de fer ». Sous l’administration McDougall, le haut fourneau produit au maximum de sa capacité c’est-à-dire près de 3,5 à 4 tonnes de fer par jour. Toutefois, des problèmes se font sentir dès l’année 1879 puisque l’approvisionnement en bois est devenu difficile tout comme le recrutement des bûcherons11. À la fin de cette même année, le fourneau ne performe plus aussi bien qu’auparavant ce qui affecte la qualité du fer produit. En dépit des nombreux efforts, les forges de Saint-Pie-de-Guire ne fournissent plus un rendement satisfaisant. Le four requiert de plus en plus de charbon tout en produisant une quantité moindre de fer. Les forges de Saint-Pie-de-Guire ont fermé à la suite d’une étude de productivité démontrant que les forges des McDougall à Drummondville produisent le fer pour quatre dollars de moins la tonne. À la suite de la fermeture de cette industrie, plusieurs habitants de Saint-Pie-de-Guire se sont tournés vers l’agriculture12.

Tous les services sont concentrés au village ou près des forges. Le village abrite deux professionnels : le notaire L.-D. Pépin et le docteur J.-B. Comeau. Une ligne de téléphone et un bureau de poste figurent parmi les services offerts. Malheureusement, le village a beaucoup changé puisque bon nombre des maisons patrimoniales ont été déménagées au fil des années.

D’autre part, l’établissement des forges et de ses cinq charbonnières a engendré la construction de logements à proximité du lieu de travail et près du « magasin général de la compagnie ». Il y a également un moulin à farine, des étables et une boulangerie13. Puisque plusieurs familles sont établies sur le site des forges, l’église est érigée à proximité. Le chemin menant aux forges est encore visible en 2009.

L’industrie des McDougall a eu un impact sur la démographie puisque de 1871 à 1881, le nombre d’habitants est passé de 1242 à 1529. Cinq ans après la fermeture, le nombre de résidants a chuté à 1145. Cet impact démographique est tangible même si les forges n’ont jamais compté plus de 40 employés permanents. En 2009, la population de Saint-Pie-de-Guire s’élève à 469 personnes14.

Un des attraits de Saint-Pie-de-Guire est le Mouvement Essarts. Cet organisme à but non lucratif utilise un vaste lieu pour la recherche, la création et la diffusion de sculptures de grands formats. Plusieurs artistes internationaux exposent leurs oeuvres dans les espaces boisés du site, on en retrouve plus de 50. Il est possible de visiter les lieux en tout temps. Cet endroit accueilllait annuellement le Symposium international de sculpture du Mouvement Essarts.

Pour en savoir davantage sur cette municipalité, il suffit de consulter le www.stpiedeguire.ca.

PATRIMOINE

Voici quelques statistiques tirées de l’inventaire architectural de la MRC.

Type et nombre de biens répertoriés

Répartition selon le type de bien répertorié à Saint-Pie-de-Guire

Bâtiment principal

Bâtiment secondaire

Cimetière

Croix de chemin

Paysage et point de vue

Pont

30

12

1

0

0

0

Une cote16 est attribuée à chaque bâtiment principal et elle tient compte de l’intérêt architectural, patrimonial, culturel et historique du bâtiment.

Répartition selon la cote attribuée aux bâtiments principaux

 

Saint-Pie-de-Guire

MRC

Cote

Nombre

%

%

C

12

39 %

19 %

CC

10

32 %

44 %

BN

6

19 %

8 %

CR

1

3 %

10 %

L’année de construction est une information souvent difficile à obtenir parce que peu documentée au fils du temps. Nous avons donc indiqué, le cas échéant, une date approximative selon l’état actuel du bâtiment.

Répartition selon la date de construction

 

Saint-Pie-de-Guire

MRC

Période

Nombre

%

%

1901-1950

16

55 %

35,5 %

1851-1900

12

41 %

57,7 %

1800-1850

2

6 %

5, 3%

1951 et +

0

0 %

1,5 %

En ce qui concerne la description stylistique, 23 styles différents ont été pré-identifiés. Ce sont des styles reliés essentiellement à l’architecture traditionnelle que l’on retrouve principalement en milieu rural. Lorsqu’un bâtiment mélange plusieurs styles et qu’il est difficile de l’associer à un style particulier, nous avons utilisé la catégorie « Autre ».

Répartition selon le style architectural

 

Saint-Pie-de-Guire

MRC

Style

Nombre

%

%

Maison de colonisation

16

52 %

18 %

Maison à lucarne-pignon

5

16 %

13 %

Maison à mansarde

4

13 %

4 %

Autre

2

6 %

13 %

Vernaculaire américain

2

6 %

18 %

Courant cubique

1

3 %

4 %

Il est possible de consulter la section Inventaire architectural de la MRC pour accéder au module de recherche qui permet d’en savoir davantage sur certains biens patrimoniaux répertoriés dans cette municipalité.

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1 Denis Fréchette, Le diocèse de Nicolet 1885-1985, Arthabaska, s. é., 1985, p. 169 et Hormisdas Magnan, « Dictionnaire historique et géographique des paroisses, missions et municipalités de la Paroisse de Québec », [En ligne]https://www.nosracines.ca/f/page.aspx?id=345168,1925, Arthabaska, p. 633, page consultée le 28 janvier 2008.

2 D. Fréchette, Le diocèse de Nicolet…, p. 169 et Thérèse Bégin, Si mon comté m’était conté, Les Éditions Gilles Allard inc., octobre 1994, p. 77.

3 Évêché de Nicolet, Index de correspondances paroissiales, Fonds Maurice Milot, 145,5, Société d’histoire de Drummond.

4 Carte topographique de 1932, 31-I-2, Refonte cadastrale de 1895, Bureau de la Publicité et des Droits et informations fournies par Jocelyn Proulx, agent de développement culturel de la MRC de Drummond.

5 Thomas-M. Charland, Histoire de Saint-François-du-Lac, Ottawa, Collège Dominicain, 1942, p. 326 dans Maurice Milot, Les forges de Saint-Pie-de-Guire : 1868-1881. Une industrie artisanale, mars 1983, Fonds d’archives de Maurice Milot conservé à la Société d’histoire de Drummond, p. 1. Ce document est aussi disponible dans les Cahiers nicolétains mais il est à noter que la pagination diffère. Voir Les Cahiers nicolétains. Société d’histoire régionale de Nicolet, vol. 5, no 3, sept. 1983.

6 B. J. Harrington, Exploration géologique du Canada. Rapport des opérations pour 1873-74, p. 299 dans M. Milot, Les forges de Saint-Pie-de-Guire…, p. 6.

7Le Constitutionnel, Trois-Rivières, 29 avril 1874 dans M. Milot, Les forges de Saint-Pie-de-Guire…, p. 12, Refonte cadastrale de 1895, Bureau de la Publicité et des Droits et T. Bégin, Si mon comté…, p. 77.

8 L’Union des Cantons de l’Est, Arthabaska, 29 juillet 1868 dans M. Milot, Les forges de Saint-Pie-de-Guire…, p. 3 et M. Milot, Les forges de Saint-Pie-de-Guire…, p. 3-4.

9 Louis-Adélard Senécal et John McDougall sont très liés en ce qui concerne le commerce. Ils alternent les postes de président et de vice-président « de compagnies ferroviaires, de mines de fer ou de charbon, un peu partout au Canada ». Leurs activités ont contribué au développement économique de la région de Yamaska. Voir M. Milot, Les forges de Saint-Pie-de-Guire…, p. 17.

10 FLM p. 147, 13 fév. 1880 dans M. Milot, Les forges de Saint-Pie-de-Guire…, p. 31 et M. Milot, Les forges de Saint-Pie-de-Guire…, p. 30-31.

11 M. Milot, Les forges de Saint-Pie-de-Guire…, p. 7, 11, 21 et 32-33.

12 FLM, p. 140, 2 février 1880 dans M. Milot, Les forges de Saint-Pie-de-Guire…, p. 38, FLM, p. 217, 27 janvier 1881 dans M. Milot, Les forges de Saint-Pie-de-Guire…, p. 39, FLM, p. 223, 1er février 1881 dans M. Milot, Les forges de Saint-Pie-de-Guire…, p. 41 et T. Bégin, Si mon comté…, p. 77.

13 ANQ-M, minutiers J. –Hilarion Jobin, acte no 13347, 17 février 1874 : vente des forges de la « Compagnie des Mines de la Rivière Saint-François » à John McDougall dans Maurice Milot, Les Forges de Drummondville 1880-1911 : Fin d’une industrie artisanale au Québec, Mémoire présenté pour l’obtention de la maîtrise en études québécoises. U.Q.T.R., septembre 1984. p. 52 et M. Milot, Les forges de Saint-Pie-de-Guire…, p. 43.

14 Archives de l’Évêché de Nicolet, Registre des lettres, dans M. Milot, Les forges de Saint-Pie-de-Guire…, p. 43, M. Milot, Les forges de Saint-Pie-de-Guire…, p. 43 et S. A., « La MRC perd 54 habitants », L’Express, 8 février 2009, page 1.

16 Signification des cotes :

A : Intérêt patrimonial exceptionnel reconnu

AA : Intérêt patrimonial exceptionnel

B : État très proche de l’original, intérêt historique et/ou culturel

BB : État très proche de l’original, sans intérêt historique et/ou culturel

BN : État très proche de l’original, sans intérêt architectural

C : Ayant subi des altérations mineures, mais modèle original identifiable

CC : Ayant subi des altérations majeures, mais modèle original identifiable

CR : Ayant subi des altérations majeures, sans respecter le caractère original

D : En rupture (ne respecte pas l’environnement architectural) à conserver

E : En rupture (ne respecte pas l’environnement architectural) à recycler